Vanité des vanités

Qohelet, l’auteur du livre de l’Ecclésiaste m’a suggéré ce titre et cette réflexion. Bien souvent nous essayons de saisir le vent et nous restons les mains vides. Cela nous invite à nous interroger sur ce qui est l’essentiel sinon nous risquons d’être comme une bulle de savon multicolore et fragile qui dure peu et qui finit par disparaître sans laisser de trace. L’évangile nous invite à ne pas nous illusionner, l’appel à la conversion ne cesse de résonner du début jusqu’à la fin. Il nous invite à une prise de conscience claire… Saint François à la suite de Jésus nous le rappelle aussi dans ses écrits.

Les paroles de Jésus sont fortes à l’égard de ceux pour qui ne comptent que les apparences extérieures. Il ne cesse de nous rappeler l’importance de faire correspondre l’intérieur et l’extérieur. Bien souvent sans doute nous cherchons à briller, à nous faire voir, à paraître, cherchant les louanges pour se mettre en avant et en tirer une certaine gloriole. La vanité est menteuse, elle se trompe et trompe le vaniteux qui se croit être quelqu’un d’important. Jésus par son comportement nous présente un visage totalement différent. Il ne se met jamais en avant. Il met en pratique son enseignement. Quand il nous dit : « je suis doux et humble de cœur », c’est ce qu’il nous donne à voir. Aucune vantardise dans ses gestes et ses paroles. Au contraire il ne cesse d’aller à la rencontre d’hommes et de femmes simples et petits. Ses paroles ont du poids et impressionnent par leur vérité. Elles touchent son auditoire parce qu’elles sont centrées sur l’amour qui ne passe pas, sur le pardon qui redonne vie, sur la bienveillance qui redonne le goût de la rencontre. Ses gestes comme ses paroles ont de la consistance parce qu’ils expriment bonté et douceur et qu’ils font du bien, un bien qui demeure.

La vanité entretient la satisfaction et l’orgueil et ne supporte pas tout ce qui vient la contester ou la déranger. Seule la vérité humble donne la paix sur laquelle on peut construire des relations durables. La vanité centrée sur soi est improductive et stérile, seul l’amour qui se donne permet à chaque personne de grandir et de progresser en humanité. Jésus nous invite non pas à être servi mais à servir, à prendre la dernière place pour découvrir le seul chemin qui permet de construire pour l’éternité. Le cœur humble qui reste tourné vers Dieu et vers les autres trouve les paroles et les gestes qui réjouissent les hommes assoiffés de bonté.

Saint François, dans ses admonitions, nous invite à abandonner toute recherche de vaine gloire. Écoutons-le : « Même si tu avais tant de pénétration et tant de sagesse qu’aucune science n’aurait plus de secret pour toi ; même si tu savais interpréter toutes les langues et scruter les mystères divins avec une subtilité remarquable, de tout cela tu ne peux tirer aucune gloire. Le premier venu des démons a autrefois pénétré bien plus avant dans les mystères de Dieu et connaît encore maintenant l’univers terrestre bien mieux que tous les hommes réunis […]. De même, serais-tu le plus beau et le plus riche des hommes, et ferais-tu même des miracles au point de chasser les démons, tout cela peut se retourner contre toi, tu n’y es pour rien, et il n’y a rien là dont tu puisses tirer gloire. Mais ce dont nous pouvons tirer gloire, c’est de nos faiblesses. C’est de notre part quotidienne à la sainte Croix de notre Seigneur Jésus-Christ. » (Adm 5, 5-8) Suivons-le dans l’apprentissage de l’essentiel. Il nous invite à suivre Jésus dans son service et dans sa douce humilité.

L’amour reçu du Père, source de toute vie et de tout bien ne s’impose pas mais il fait vivre et suscite notre désir. Il donne courage pour qu’à notre tour nous puissions donner simplement et faire désirer la bonté. La réussite de notre vie n’est pas dans la richesse et le pouvoir mais dans cet amour simple qui nous permet de tout voir, sentir, comprendre différemment. Elle n’est pas dans les apparences mais dans la mise en œuvre de l’amour reçu du Père.

Frère Jo Coz

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