DIEU MON ROCHER

Seigneur, tu es mon Rocher

(Ps 18,15)

 

Les psaumes nous répètent souvent que Dieu est notre rocher, notre rempart, notre abri, notre défenseur. Il est le roc sur lequel je peux construire ma vie, affronter les tempêtes. Sa parole est sûre, elle me conduit sur le bon chemin qui conduit à l’éternelle demeure en se reconnaissant dès maintenant comme frères les uns des autres. « A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ». La Parole de Jésus suscite la confiance. Les disciples avaient vu et entendu sa parole devenir réalité : « Lève-toi et marche », « Va, ta foi t’a sauvé », « Je le veux, sois purifié »… Les miracles de Jésus avaient affermi la foi des apôtres, ils savaient que sa Parole était parole de Vie et de Vérité, une parole juste sur laquelle on pouvait s’appuyer   comme on s’appuie sur le roc pour construire sa maison. Dieu est notre rocher fidèle, son amour est permanent, pour toujours.  Nous pouvons compter sur lui comme sur le soleil qui se lève tous les matins ! Dans les épreuves il reste à nos côtés, quand tout s’écroule, il est là inébranlable, quand tout est fragilisé, il est notre soutien solide, quand le doute s’installe, il est la patience aimante !

            Après avoir affermi la foi de Simon, Jésus lui donne un nouveau nom : Pierre, et lui confie une mission importante, celle d’affermir la foi de ses compagnons, de devenir la pierre de fondation de la communauté nouvelle qu’il devra soutenir et pour laquelle il devra supporter épreuve, souffrance et martyre. Soutenu par Jésus, il deviendra le rocher immuable, résistant à tout, la fidélité vivante donnant courage à ceux qui se sentaient fragiles. A sa suite des milliers de témoins se sont appuyé sur la force de Jésus et de Pierre pour maintenir jusqu’au bout leur amour fidèle. Les épreuves et les persécutions ont affermi la résistance de l’Eglise à tenir contre vents et tempêtes à travers les siècles parce qu’elle est ancrée sur Jésus notre rocher.

           

En suivant saint François à la trace dans les lieux où il a vécu, particulièrement en allant d’ermitage en ermitage, nous sommes surpris de découvrir qu’ils sont installés sur des rochers impressionnants, à proximité de falaises, de grottes ou de failles qui servaient d’abris rupestres. Il aimait ces lieux austères parce qu’ils lui évoquaient la sécurité qu’il avait mis en Jésus. Depuis le début de sa conversion, il avait enraciné toute sa confiance en Jésus. Il avait vérifié que lorsqu’il mettait sa Parole en pratique, il se passait des choses inattendues. Ainsi, quand il avait osé embrasser un lépreux, en suivant l’exemple de Jésus, il avait découvert une douceur extraordinaire qu’il n’avait encore jamais imaginée et qu’il accueillit comme une manifestation de la présence de  Jésus « doux et humble de cœur ». Ainsi le rocher dur et froid peut aussi être à la fois doux et brûlant, « notre cœur n’était-il pas tout brûlant en écoutant sa parole ! ».

Dans le creux du rocher, François se sentait à l’abri dans le cœur de Dieu. Ayant abandonné tout confort, il se sentait dorénavant en sécurité, enveloppé par la bonté de notre Père des cieux. La gloire éphémère qu’il avait recherchée durant sa jeunesse s’était évaporé et avait laissé la place à une confiance féconde. Dieu était devenu son Tout, une présence englobante comme un manteau. François avait pris conscience que Dieu  son rocher est « le bien plénier, entier, total, vrai et souverain ; qui seul est bon, miséricordieux et aimable, suave et doux ; qui seul est saint, juste, vrai et droit ; qui seul est bienveillant, innocent et pur ; de qui, par qui et en qui est tout pardon, toute grâce et toute gloire »(1R  23, 9). En contemplant le visage de Jésus dans la petite chapelle de Saint Damien, son regard s’était ouvert, son cœur s’était adouci et il avait pris conscience que sa vie prenait une nouvelle dimension où l’amour inaltérable de Dieu était le socle solide.

En vivant en solitude à l’abri du rocher, il apprenait à construire sur le roc, sur Jésus notre sauveur et notre frère. Avec lui il découvrit une vie plus large, une confiance sans limite. Jésus lui révélait la force de son amour sans condition débordant de bienveillance et de pardon, capable de tout donner, de donner sa vie par amour, gratuitement pour que nous puissions puiser à notre tour à la même source d’éternité. Au matin de Pâques, le tombeau, taillé dans le roc était ouvert, la pierre roulée. Marie Madeleine pleurait la disparition de son guide lorsque son cœur et ses yeux se sont ouvert en entendant Jésus prononcer son nom. Elle découvre alors que sa grotte intérieure était désormais le lieu de la rencontre intime avec Jésus. Ainsi la Résurrection, le Rocher ouvert, éclairent la foi qui trouve sa solidité en lui, jaillissant d’une source mystérieuse au plus intime de nous-mêmes

La foi enracinée dans le cœur de Jésus, François aimait passer des temps de solitude et de prière au milieu des chaos du mont Alverne. Là dans les creux des rochers, ancré dans une confiance totale il désirait plus que tout goûter, communier de tout son être, de toute ses forces à la vie, à l’amour infini que Jésus partage à tous hommes jusqu’à accepter de mourir par amour de notre amour.  Là au cœur du rocher qu’est Dieu il se sentait en communion d’amour avec celui qui le rejoignait dans sa grotte intérieure ouverte sur l’infini de Dieu créateur qui ne cesse de créer et d’aimer chaque créature y compris les rochers qui reflètent sa présence fidèle.

 

Fr Jo Coz

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