On ne connait vraiment que ce que l’on expérimente
On ne connait vraiment que ce que l’on expérimente
En suivant Jésus, les disciples l’ont d’abord écouté et ils furent touchés, impressionnés parce qu’ils se rendaient compte qu’il vivait ce qu’il disait. Cela donnait une force extraordinaire à ses Paroles ! Ils n’avaient aucun mal à comprendre et à retenir ses enseignements puisqu’ils les voyaient concrètement mis en œuvre devant leurs yeux. Quand Jésus parlait de la douceur et de l’humilité, ils n’avaient pas besoin d’explication, il leur suffisait d’ouvrir leurs yeux pour saisir qu’il s’agissait de sa vie. Jésus, en bon pédagogue, leur faisait faire des stages de mise en pratique. Par exemple, il les a envoyés en mission deux par deux pour porter la paix de maison en maison, sans argent, sans bâton, sans rien qui puisse les sécuriser… en les amenant à expérimenter la confiance. Et miracle ils revinrent tout heureux et fiers d’avoir chassé des démons, guéris des malades en participant à la mission de leur maitre. Quand Jésus décide de nourrir une grande foule avec 5 pains et 2 poissons, il leur demande de les distribuer. Stupéfaction, quand tous furent rassasiés, il restait 12 paniers pleins ! Miracle du don et de la générosité. Expérience inoubliable pour eux, mais aussi pour nous. En effet, la bonté suscite la bonté, la générosité suscite la générosité, la simplicité suscite la simplicité en la multipliant, un sourire suscite cent sourires comme un grain de blé en produit cent… On n’apprend pas à nager en restant au bord de la piscine mais en plongeant dans l’eau !
Saint François avait commencé son approche de Jésus en méditant l’évangile dans le silence et la solitude d’un ermitage, étape nécessaire. Mais il n’avait pas encore bien saisi la fécondité de la Parole ; C’est en allant, poussé de l’intérieur, à la rencontre d’un lépreux qu’il mesura et qu’il comprit tout à coup ce que veut dire « ce que vous faites au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous le faites[1] ». Miracle, sa peur et son horreur s’évaporèrent pour laisser la place à la douceur pour l’âme et le corps : toute sa vie en sera éclairée. La miséricorde produit la miséricorde.
En vivant la Parole de Jésus, nous la donnons à voir aux autres et nous sommes surpris de sa force de persuasion et de sa fécondité. Ainsi, François avait commencé tout seul son chemin de conversion, heureux de ce qu’il découvrait en cœur à coeur avec Jésus et de la transformation progressive de son regard sur les autres ; de riche bourgeois plein d’ambition qu’il était, il devint petit à petit plus attentionné aux pauvres et aux simples. Tourné vers le Père du ciel il avait compris que tous les hommes étaient frères de Jésus et donc frères les uns des autres et que cela nécessitait des changements concrets de comportement. Laisser l’Evangile envahir tout notre être, nous permet d’en découvrir les fruits concrets enracinés dans l’Esprit : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, douceur, foi, maitrise de soi[2]… » Nous les expérimentons en nous mais nous les découvrons aussi à l’œuvre chez les autres.
Vivre en frère ce n’est donc pas faire des discours sur la fraternité ! C’est donner de la place au frère, l’aimer et le servir comme on aimerait être servi, en y mettant de l’affection, du respect en accueillant sa différence comme un cadeau du Seigneur. « Ce que tu voudrais que l’autre fasse pour toi, fais-le pour lui ». « Ce que tu ne voudrais que l’autre te fasse ne le lui fais pas…[3] ». Cette invitation concrète est source d’une grande sagesse toute simple accessible à chacun et permet de vivre en communion avec Jésus incarné et ressuscité.
François en maitre spirituel avait un jour fait la leçon à des frères qui avaient fermé leur porte et leur cœur à trois brigands qui avaient faim. Il leur demanda d’aller porter ce qu’ils avaient de meilleur dans leur cuisine et de les servir comme des frères importants. Petit à petit par leur douceur, ils les apprivoisèrent et osèrent leur demander de leur rendre service en leur apportant du bois en échange de nourriture. Voyant les frères vivre, le désir de leur ressembler grandit tellement qu’ils demandèrent de devenir frère comme eux et avec eux. En leur donnant leur confiance, en leur parlant avec respect et bienveillance en leur permettant de se rendre utile, les frères leur ont permis de découvrir qu’il y avait en eux aussi comme en germe, de la bonté, de la gratitude, une capacité de changer de vie…
Jésus, en nous rejoignant dans notre humanité, nous ouvre un chemin d’avenir et de communion avec Notre Père. Mais il souligne aussi notre responsabilité personnelle. Nous sommes tous appelé à aimer concrètement nos frères. Dieu nous ouvre son cœur, mais il désire plus tout que nous fassions de même pour lui et pour nos frères ! c’est le voie du bonheur et de la Vie.
Fr Jo Coz
26-10-25
[1] Mt 25, 40
[2] Gal 5,22-23
[3] 1Reg 4,4
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