Le dieu vivant qui habitait le cœur de François

Le Dieu vivant qui habitait le cœur de François

 

Dans sa prière « Louanges de Dieu », que François écrivit pour frère Léon, il s’adresse au Seigneur Dieu vivant et vrai. Depuis le début de sa conversion, Dieu est pour lui le Vivant celui qui est la source de toute vie, sans qui rien n’existe ! Ce Vivant lui a parlé, il l’a écouté et sa Parole a réorienté sa vie. Sa Parole l’a touché au plus profond de son cœur et a fait surgir en lui une confiance inaltérable et un respect définitif. Dieu est celui qui nous maintient en vie qui nous partage sa vie généreusement, gratuitement.  François ne réagit pas en théologien, c’est avec tout son être qu’il en relation simple avec son Seigneur, avec tous ses sens, avec son corps, son cœur, son esprit : « Aimons tous le Seigneur Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de tout notre pouvoir et courage, de toute notre intelligence, de toutes nos forces, de tout notre effort, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs, de toutes nos volontés. Il nous a donné et nous donne à tous le corps, l’âme et la vie[1]. Dieu est le Créateur, Dieu-amour qui a donné vie à toutes créatures, il est le Dieu qui ne cesse de faire des merveilles en chacune de nos vies.

 

            Le Dieu qui lui a fait signe est « le seul vrai Dieu, qui est le bien plénier, entier, total, vrai et souverain ; qui seul est bon, miséricordieux et aimable, suave et doux [2]».  François a été frappé par la douceur de Dieu. Il perçoit son regard paternel et maternel, plein d’amour. Sa présence nous accompagne et nous enveloppe comme un vêtement qui nous communique sa chaleur et nous protège du froid.  Sa présence est discrète et s’impose par sa délicatesse. Il est beauté, il nous rejoint en suscitant en nous émerveillement et admiration. Il est comme le soleil levant qui délicatement redonne sa place à chaque créature. Il nous donne la grâce de voir ce qui était invisible. Ainsi Dieu se rend sensible à notre corps et nous invite à chanter et à laisser notre cœur déborder de reconnaissance. Il s’est fait humble et pauvre dans le Christ en prenant chair et en rejoignant notre condition humaine. En célébrant Noël à Greccio François a ressenti l’extraordinaire tendresse de Dieu qui se fait petit enfant pour réveiller notre attention et notre amour afin que nous puissions le reconnaitre et l’accueillir dans tout ce qui fait le quotidien de nos vies.

           

Le Dieu qui est venu à sa rencontre lui a manifesté un amour patient et miséricordieux. François découvre que cet amour est manifesté par un Dieu Père plein d’attention pour chacun de ses enfants. Quand il le comprend il décide de lui accorder la première place dans sa vie : « que devienne toujours plus lumineuse en nous la connaissance que nous avons de toi [3]». Cette découverte est pour lui une vraie libération qui le conduira à changer de vie et à vivre en conformité avec le désir de Dieu. Il abandonne toutes ses ambitions personnelles pour se laisser guider par ce Père qui lui donne au jour le jour ce dont il a besoin. Par lui, il comprend que seul l’amour est nécessaire et que cet amour est don humble pauvre et fécond.

 

François découvre progressivement toute l’importance de l’incarnation de Jésus, le Fils du Père, et plus particulièrement de la passion. Dieu à tant aimé le monde, qu’il a voulu lui proposer un chemin de salut en envoyant son fils pour incarner cet amour parmi les hommes, en renonçant à tout pouvoir et toute sécurité. François fut touché par l’engagement de Jésus qui voulut aimer les hommes jusqu’à donner sa vie sur la Croix. Le Christ de st Damien qui lui a parlé est Dieu vivant ressuscité qui continue d’aimer tous hommes du même amour immense en les invitant à le suivre sur le même chemin.  Dieu a souffert pour nous, François ne pouvait pas rester indifférent face à cette réalité. Cet amour s’était enraciné dans son cœur et il savait le reconnaitre dans le regard du pauvre, du méprisé, du lépreux, du brigand, du Sultan… Dieu est à l’œuvre dans la vie de chacun et lui donne son Esprit pour qu’il retrouve sa dignité et devienne capable de traverser épreuves et maladie en gardant la paix et la joie. François avait saisi qu’en retour aimer Dieu c’était aussi supporter par amour une partie de sa souffrance c’était prendre conscience que tous les hommes sont frères et que nous devons les aimer comme Dieu les aime, gratuitement et sans condition, sans sélection.

« Que nous aimions nos proches comme nous-mêmes : en les attirant tous à ton amour selon notre pouvoir, en partageant leur bonheur comme s’il était le nôtre, en les aidant à supporter leurs malheurs, en ne leur faisant nulle offense[4]».

 

Fr Jo Coz

[1] (1Reg 23, 8)

[2] (1Reg 23, 9)

[3] ( Pat 3)

[4] (Pat 5)

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