nul homme et digne de te nommer
Nul homme n’est digne de te nommer[1]
Après avoir reçu les stigmates, François a composé une magnifique prière, la « Louange de Dieu » pour le frère Léon qui vivait alors une période de troubles intérieurs. Complètement impressionné par l’immensité de l’amour de Dieu qu’il venait d’expérimenter. Il laisse son cœur déborder pour exprimer la grandeur et le profondeur de Dieu qu’il venait de rencontrer. Il prend conscience que tous les mots qui lui viennent à l’esprit sont trop petits, trop étriqués pour exprimer le mystère insondable de Dieu qui nous dépasse complètement.
Ce qu’il vient de vivre est si intime qu’il n’hésite pas à tutoyer le « Père saint, roi du ciel et de la terre ». Il est entièrement présent, tourné vers son bien-aimé. Sa prière est un regard pur sur celui qu’il contemple, elle est le fruit d’une ferveur intérieure qu’il ne peut contenir. François contemple amoureusement celui qu’il adore, oubliant totalement sa petitesse et ses souffrances. Il est comme enveloppé par la lumière et l’amour infini du Père, il est attiré irrésistiblement par celui qui provoque en lui un immense respect et un élan amoureux.
Les mots se bousculent pour exprimer pauvrement ce que son cœur ressent intensément, à tel point qu’il en répète certains qui s’étaient sans doute imprimer plus profondément dans son cœur. Reprenons-les pour nous aider à rejoindre François dans sa contemplation intime.
« Tu es saint, tu es fort, tu es grand, tu es le Très-Haut, tu es le roi tout-puissant… » François est impressionné, émerveillé par la grandeur illimitée de Dieu, mais il n’est pas écrasé parce qu’il s’agit d’un amour immense qui vient vers nous avec une bienveillance et une douceur infinie. Il ne cesse de nous dire qu’il nous aime et nous le prouve en élargissant notre cœur pour que nous puissions l’accueillir. Il est le Très-Haut, mais sait se rendre tout proche de nous comme un Père plein de tendresse. François le tout petit se sent rempli d’une présence de celui « qui est sans commencement ni fin, immuable, invisible, inénarrable, ineffable, incompréhensible, impénétrable…[2] » mais tellement proche qu’il se laisse toucher par lui.
« Tu es le bien, tu es tout bien, tu es le souverain bien… ». François a pris conscience que Dieu est le Créateur et qu’il est la source de tout l’univers, de tout vie. Son amour débordant a donné vie à toutes les créatures. Sans lui le monde n’existerait pas, sans lui nous ne serions pas là. Chaque créature reflète mystérieusement un aspect de celui en est la source vivante. Dieu ne cesse de donner vie, de donner son amour. François a été marqué par la bonté infinie de Dieu qui ne cesse de nous donner, au jour le jour, tout ce qui nous est nécessaire pour rayonner de son amour. La bonté de Dieu est généreuse, la vie se répand de lui en nous et nous dilate. Elle nous révèle à nous-mêmes dans ce que nous avons de meilleur et de prometteur. C’est par la bonté que l’homme se rapproche de Dieu et crée de la vie, de la lumière, de la joie. Au fur et à mesure que nous avançons sur notre chemin de foi, nous apprenons à remonter à la source de tout bien. Que l’Esprit nous apprenne à le remercier humblement. Rendre gloire à Dieu, c’est reconnaitre que tout vient de lui et que sans lui, nous ne pouvons rien.
« Tu es beauté… » Il est comme le soleil, la lumière, il est « beau, rayonnant d’une grande splendeur, et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole [3]». François était un homme sensible qui savait apprécier la beauté sous toutes ses formes et particulièrement celle la nature. Mais pour lui ce n’était là qu’un pâle reflet de celui qui est la Beauté rayonnante, une douce beauté qui réjouissait tous ses sens. François fut touché par la lumière indicible du visage du Christ resplendissant, présent dans sa prière. La beauté est comme une porte ouverte vers l’infini. « François contemplait dans les belles choses le Très Beau et, en suivant les traces imprimées dans les créatures, il poursuivait partout le Bien-Aimé.[4] »
« Tu es notre grande douceur… ». François fut particulièrement touché par la douceur de Dieu qui se manifeste dans sa beauté mais aussi par son humilité, sa patience et sa joie. La parole de Jésus « Je suis doux et humble cœur » a inspiré sa lecture de l’évangile et surtout sa mise en pratique. Jésus manifeste beaucoup de douceur en accueillant des foules de malades, de pauvres, d’exclus. Il prend du temps pour les écouter et répondre à leurs besoin avec beaucoup de patience et de compassion, de délicatesse… Il met de l’amour dans tout ce qu’il fait et dit et touche les cœurs par sa simplicité et parce qu’il est « le chemin, la vérité et la vie ! ». François inspiré par Jésus a appris la douceur en soignant les lépreux, celle de Dieu qui le submerge et la sienne qui surgit du service. Loué sois-tu, Seigneur, pour ce que tu es et pour le don que tu nous fais de toi-même !
Fr Jo Coz
[1] (Cant 1)
[2] (1Reg 23, 11)
[3] (Cant 4)
[4] (LM 6)
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