Donne-moi une espérance solide

Texte

« Donne-moi une espérance solide »

Dans la prière qu’il a composé devant le crucifix de St Damien, St François lui demande de lui donner une espérance solide. Sa conversion est encore récente, il a abandonné ses rêves illusoires et ses projets immodérés de gloire chevaleresque en choisissant de se mettre au service du Seigneur. Il a écouté la voix de sa conscience qui l’invite à une autre aventure plus grande et plus glorieuse avec Dieu. Mais, il ne se sent pas encore complètement rassuré, et il a besoin « d’une foi droite, d’une espérance solide et d’une parfait charité » pour abandonner définitivement son ambition de réussite et sa recherche d’honneur et enfin s’appuyer sur la force et le soutien que Dieu donne à ceux qui mettent en lui leur confiance et leur foi. En contemplant sa vie, nous voyons que sa demande n’est pas restée vaine. Une espérance ferme lui permettra d’orienter sa vie avec assurance.

Evoquons quelques signes du don que l’Esprit lui a fait. Alors qu’il avait horreur des lépreux et qu’il les fuyait, le Seigneur le conduisit parmi eux et il y découvre la fécondité de la miséricorde et du service. Mais surtout, l’amertume qui l’habitait a laissé la place à une douceur inattendue, signe de la présence de Jésus à ses côtés. Sa vie s’ouvre, tout à coup, sur une perspective nouvelle où ses frères lépreux auront une grande place de choix. Il découvre que lorsqu’on prend des risques pour Dieu, il affermit notre espérance et nous donne une confiance nouvelle, ouverture à une  fidélité et à une fécondité spirituelle inattendue !

Pendant des mois il avait été habité par une question lancinante : « Seigneur que veux-tu que je fasse ? ». Il priait, se retirait dans le silence et la solitude implorant le Seigneur de l’éclairer. Sa patience fut récompensée lorsque Jésus lui parla alors qu’il contemplait le Christ sur la croix de la chapelle St Damien. Il découvre que Jésus a entendu sa demande et lui ouvre un nouvel avenir totalement inimaginable. Désormais sa confiance et son amour pour lui vont envahir tout son être. Il prend conscience de l’immensité de l’amour de Jésus qui a donné sa vie par amour pour tous les hommes. Cette découverte le bouleverse jusqu’au plus intime de son cœur. Désormais, son espérance s’enracine profondément, sûr que Jésus nous écoute et prend en compte nos besoins ! Il est vivant et se fait tellement proche de nous qu’il vient demeurer en nous !

Quand il entend ses frères lui raconter pourquoi ils ont refusé d’accueillir trois pauvres larrons qui vivaient comme ils pouvaient, son espérance et son amour sont choqués. Il leur demande donc d’aller les retrouver et de les servir comme s’ils étaient de grands personnages. Pendant des jours ils vont continuer à les servir et petit à petit, la confiance s’établissant, ils vont leur demander de renoncer à leur violence en se rendant utile… La pédagogie de François est une pédagogie de l’espérance. Il croyait en leur capacité de se convertir et, c’est ce qui va se réaliser. Les trois larrons vont rentrer dans la fraternité et devenir des frères ! L’espérance soutenue par la foi et l’amour fait des miracles. Là où tout paraissait définitivement bloqué s’ouvre le miracle de la patience qui croit en la vie possible !

L’espérance de François puise son assurance dans la croix de Jésus : « Ma vie nul ne me la prend c’est moi qui vous la donne ». Cet amour qui va jusqu’au bout traverse la mort et resurgit le matin de Pâques pour nous ouvrir un avenir en sa compagnie auprès du Père. La mort est définitivement vaincue. Jésus nous invite à le suivre dans ce chemin d’amour capable de traverser toutes les épreuves et les souffrance en gardant la paix ! C’est ce que François a voulu nous transmettre en écrivant son Cantique des créatures qui est une expression puissante de son espérance de ressuscité avec Jésus. La bonté de Dieu notre Père est devenu pour lui une certitude, la mort ne lui fait plus peur puisqu’il connait par expérience la douceur miséricordieuse de celui qui est Tout bien et la force transformante de son Pardon. « Que ton règne vienne : dès maintenant règne en nous par la grâce, et plus tard introduis-nous dans ton royaume où sans ombre enfin nous te verrons, où deviendra parfait notre amour pour toi, bienheureuse notre union avec toi, éternelle notre jouissance de toi. » (Pat 4).

Sa prière continue le faisait vivre en communion permanente avec Jésus. Quand il marchait, il marchait avec Jésus, quand il écoutait la Parole de l’évangile il ouvrait son cœur à Jésus. Quand il rencontrait un pauvre, il donnait tout ce qu’il avait à Jésus. Quand il souffrait il communiait à celle de Jésus. Quand il travaillait il confiait son travail à Jésus. Quand il envisageait l’avenir il était dans la lumière de Jésus. Jésus est, pour lui, le « Sauveur de tous ceux qui mettent en lui leur foi, leur espérance et leur amour » (1Reg 23, 11) Il nous accompagne tous les jours pour nous nous faire partager l’amour qu’il reçoit de son Père par son Esprit qui demeure en nous. Notre espérance est enracinée dans le don que Jésus nous fait de notre vie et de son amour éternel.

Fr Jo Coz