Savez-vous quel est le logo traditionnel de la famille franciscaine ? Vous pensez- sans doute au Tau ! et vous avez raison. Aujourd’hui c’est celui qui est le plus utilisé. Mais dans les siècles passés il n’en fut pas toujours ainsi. L’emblème qui était le plus représenté autrefois était : « Les Conformités » qui aurait fait partie du blason de St Bonaventure quand il a été fait cardinal. Il est né peu de temps après la mort de Saint François. Les “Conformités” montrent toujours, sur une croix, deux bras qui s’entrecroisent, celui du Christ et celui de François stigmatisé – les deux bras se différenciant par le fait que l’un sort d’une bure tandis que l’autre est nu.   L’emblème est le signe de l’exceptionnelle conformité de François au Christ par les stigmates. Cette marque d’amour et de fidélité au Christ que chaque frère mineur pouvait et peut faire sienne. Selon les historiens l’emblème représentait au départ deux mains attachés par le même clou signifiant que nous sommes attachés au Christ. L’évolution de l’emblème correspondant aussi sans à un glissement de sens…

Au-delà de l’évolution du symbole, l’emblème nous invite à nous demander comment nous nous sentons en harmonie avec le Christ, en communion profonde avec lui. Notre foi pascale nous rappelle qu’il n’y a pas de résurrection sans la passion. Je ne peux pas communier à Jésus en gommant ce qui dérange. L’amour manifesté par Jésus assume toutes les limites humaines, la maladie, le handicap, les échecs, les relations difficiles, les exclusions, les violences mais aussi la souffrance, la torture, l’injustice, la calomnie et la mort. Son amour est plus fort que tout ce qui voudrait lui faire obstacle. Suivre Jésus c’est donc apprendre progressivement à se décentrer de son confort et de sa tranquillité pour manifester l’amour qui surgit dans le plus intime de nous-mêmes.

La méditation de la Parole de Dieu nous amène petit à petit à contempler le visage de Jésus, à l’aimer, à désirer être de plus en plus proche de lui, à nous inspirer de ses exemples. Par la grâce de l’Esprit nous pouvons nous sentir en accord profond avec ce qu’il nous révèle au plus intime de notre cœur et désirer lui ressembler, vivre en mettant en lui notre confiance totale. La force de sa Parole est telle qu’elle fait son œuvre en chacun. Elle éclaire le sens de notre vie et nous permet des choix en conformité avec ce que l’Évangile nous propose. Vivre de l’amour que Dieu nous donne transforme toute notre expérience. L’espérance éclaire notre avenir et affermit nos choix d’humanisation de tout notre être. Mettre Jésus au cœur de tout ce que nous entreprenons, c’est faire l’expérience qui transforme tout, qui donne sens à tout. Tous les gestes humains de Jésus deviennent chemin pour nous.

Saint François dans son cheminement avait fait l’expérience de l’amour inconditionnel de Dieu Père qui lui avait permis d’expérimenter la joie profonde du pardon. Il avait découvert la douceur infinie de Dieu quand on se met à accueillir et à servir les lépreux. Il avait appris la joie vraie qui surgit quand on accepte de traverser contestations, oppositions, critiques, rejet, souffrances en conservant la paix du cœur.

Dans toutes ses relations il rayonnait de l’amour joyeux qui avait envahi sa vie. Il avait découvert que c’est en donnant que l’on reçoit et il avait renoncé à tout pour être en accord complet à avec Jésus. Il avait choisi de vivre comme un pauvre parmi les pauvres. Désapproprié de tout il avait découvert que le Seigneur donne à profusion à ceux qui lui font de la place en eux-mêmes. Inspiré par l’amour de celui qui était son seul amour il finira par lui ressembler tellement que ses frères reconnaissaient dans ses gestes et ses paroles comme en filigrane, Jésus présent, Jésus aimant, Jésus priant, Jésus souffrant, Jésus enseignant, Jésus patient… Mettons-nous à son école !

Frère Jo Coz