Un regard pénétrant

L’Évangile nous fait découvrir l’importance du regard de Jésus. Il savait rejoindre le cœur même de la personne et y découvrir la beauté cachée qu’il lui révélait délicatement. Il savait reconnaître la lumière que Dieu lui-même avait mis au plus profond du cœur de chacun, il savait réveiller la bonté qui sommeillait dans leur regard. Il ne tenait pas compte des préjugés. Il accueillait Marie Madeleine et s’invitait chez Zachée, il redonnait avenir à la femme adultère et admirait la foi du centurion romain. Son regard suscitait vie, courage, confiance. Il pardonnait à ceux qui ceux se tournait vers lui comme saint Pierre. Il permettait à chacun de se savoir aimé de manière unique. Il manifestait beaucoup de douceur pour révéler à chacun son identité profonde.
En disparaissant le jour de l’Ascension Jésus à laissé à ses disciples la clef pour le reconnaître toujours présent avec nous et en nous. Il nous donne son Esprit pour qu’avec lui nous puissions voir comme lui le cœur des personnes et reconnaître son amour à l’œuvre dans les gestes, les paroles les désirs et les attentes des personnes.

Mais si le Christ est là en chacun, nous passons souvent sans le voir. Pourtant, plonger dans ce que chacun a de meilleur, c’est recevoir une parcelle de la lumière du Ressuscité. Accueillir des regards de bonté et de vérité, c’est comme ouvrir sa porte à Jésus, attendre qu’il me révèle sa présence en moi.
Avec Jésus que notre regard se remplisse de compassion quand il croise des blessés de la vie. Qu’il sache reconnaître ceux qui se font les serviteurs de leurs frères. Qu’il se mette en recherche de la brebis perdue. Qu’il apprenne le regard des enfants pour partager leur bonheur. Jésus ne se détournait pas quand il voyait la misère. Son regard savait consoler celui qui était dans la tristesse et invitait à reprendre la route avec courage et dans la joie comme les disciples d’Emmaüs !

Saint François à longtemps contemplé le regard de Jésus comme un miroir dans lequel il se mirait jusqu’à s’y reconnaître complètement à la fin de sa vie. Tout avait commencé avec la rencontre d’un lépreux qui va lui faire découvrir la présence invisible de Jésus, pleine de douceur et de paix. À partir de ce moment son regard va s’attendrir et s’illuminer de l’intérieur.
Rejoint par des frères de toute origine, il va apprendre à aimer au-delà des apparences, au-delà de l’éducation, au-delà des talents, au-delà de la famille d’origine ! Pour lui chacun était un frère qui reflétait un peu de la bonté et de la beauté de Dieu. Pour chacun il savait trouver les mots et les gestes pour encourager à avancer dans le chemin spirituel : « ce que le seigneur t’inspirera, fais-le avec sa bénédiction et la mienne. »

Dans son regard avait disparu toute trace de domination et de volonté de possession. Petit à petit il apprit à reconnaître en chaque créature un frère ou une sœur qui l’accompagnait dans la louange du Père bien aimé. Son regard percevait en tout comme un merveilleux cadeau de celui qui est tout bien, de qui vient tout bien.

Son regard pacifié de petit pauvre accueillait tout ce qu’il percevait de vie en lui comme un don gratuit de Dieu. Mais il savait aussi se réjouir de ce que le seigneur accomplissait par ses frères et en ses frères. Nulle place à la jalousie ni à l’envie dans son regard transformé par la douceur de Dieu mais une force capable de suivre son maître jusqu’à la « joie parfaite ».

Son regard se faisait maternel quand il soignait ses frères malades ou en détresse. Il se faisait sage quand il s’agissait de guider vers la communion avec Jésus. Son regard devenait insistant quand il s’agissait de faire avancer la paix et la justice.
Son regard rayonnait de la présence d’un Dieu qui pardonne et qui invite à la confiance totale. Que son regard nous révèle celui qui est la Vie !
Fr Jo Coz

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