Le jardin, éclosion de beauté et de bonté

J’aime jardiner et je me suis demandé ce que cela voulait dire dans ma vie. Depuis ma petite enfance j’ai été initié par ma mère à ce soin particulier d’un coin de terre. Elle aimait les fleurs et les cultivait généreusement pour leur beauté et pour les offrir.  En la voyant faire, j’ai appris la joie que procurait le don gratuit de son travail. En bonne éducatrice, elle nous avait confié à ma sœur et à moi un petit bout de son jardin pour que l’on apprenne à notre tour ce qui la rendait si joyeuse ! Quelle joie quand pour la première fois j’ai vu pointer et fleurir les premières fleurs, cadeau de la graine mystérieuse et de la terre féconde, du soleil généreux et de l’eau précieuse.

Les conseils accompagnaient chaque étape pour nous faire découvrir humblement que la terre est une mère qui aime le respect et que les plantes sont ses enfants bien-aimés et que plus on les aime, plus elles sont belles. Depuis j’ai appris que c’était là une véritable école de sagesse irremplaçable.

Le jardin ramène, en effet, le jardinier à la modestie. Sans la terre, bien travaillée, bien nourrie, il ne serait rien. Elle nous apprend la patience, Il faut du temps pour que la graine pousse et que la plante produise son fruit. Rien ne sert de se plaindre du temps ! Elle reste impassible à notre impatience. Elle ne fleurira que le moment venu, simplement et tranquillement ! Elle nous rappelle qu’il nous faut consentir à ce que nous sommes, qu’il faut nous faut apprendre à nous aimer nous-mêmes avec nos limites, notre passé, notre éducation, nos apprentissages.

Les fleurs ont besoin de soins, il faut les arroser régulièrement, les sarcler pour qu’elles ne soient pas étouffées, les protéger de tous les prédateurs et de tous les dangers prévisibles et imprévisibles. Elles sont demandeuses d’attentions quotidiennes, de fertilisants qui leurs permettent de se développer et de s’épanouir en parfumant tout le jardin et en accueillant les abeilles et autres insectes.

Pour qu’une fleur soit belle il faut donc toute ne solidarité, de la bonne terre bien soignée, du fumier, du soleil, de la douce pluie, et… beaucoup de patience et d’humilité parce que la météo ne répond pas forcément aux désirs du jardinier. Il doit donc apprendre à respecter la terre avec toutes ses composantes.

Le jardin évoque la mystérieuse croissance de chaque humain et des innombrables apports qui lui sont nécessaires pour se développer. Ce que nous devenons au fil des années est le fuit de beaucoup de paroles de confiance, de témoignages désintéressés, de mûrissements inattendus. Cultiver son jardin intérieur comme on soigne son jardin extérieur, c’est devenir humain dans tous les secteurs de notre existence. Il nous vaccine contre l’autosatisfaction stupide et l’autodestruction mortifère. La terre à sa vie qui nous échappe. Elle réclame patience et confiance. Quand une année la production est limitée, elle nous invite à rendre grâce pour les productions passées et à espérer un avenir de beauté, en acceptant l’aujourd’hui tel qu’il est !

Le jardinier apprend vite qu’il n’est pas le maître, qu’il doit tenir compte de beaucoup de collaborateurs, le soleil, la pluie, le vent, les saisons, la terre, les insectes, les engrais… Il y a une interdépendance qui rend le jardinier serviteur de toute une aventure dont il n’est qu’un des bénéficiaires.

C’est une image de la vie. Le rythme des saisons nous apprend le lent travail intérieur qui se fait en souterrain pendant l’hiver, l’explosion de la vie au printemps, l’éclatante floraison de l’été, et le lent murissement de l’automne. Tout cela s’accompagne de taille, d’émondage, de sarclage. Il faut faire disparaitre ses mauvaises herbes, défauts, manies, préjugés, prétentions, rancunes, amertumes… Il faut se désencombrer de tout ce qui gêne nos relations… consentir à ce que nous sommes vraiment, sans illusions. Soigner les plantes essentielles, vérité, justice fraternité, même si elles sont mélangées avec de l’ivraie.

La bible dés la première page nous parle d’un jardin d’Eden dont Adam et Eve sont les jardiniers à qui toute la création est confiée. Elle se termine aussi dans un jardin, celui de Gethsémani, le lieu de l’obéissance à la Parole du Père, de l’épreuve et de la fidélité jusqu’à la mort, le lieu de l’enfouissement, de la mise au tombeau et c’est surtout  le jardin d’où jaillit une vie nouvelle et éternelle. Le jardin nous rappelle donc le message pascal, mystérieux et généreux, ouvert sur une vie que rien n’arrête. Ce n’est sans doute pas par hasard que Marie-Madeleine prend le ressuscité pour le jardinier d’une vie complètement renouvelée !

François, dans la lignée de Marie Madeleine était proche du divin jardinier et il voulait lui laisser la première place en tout dans son jardin intérieur, y compris dans les jardins des frères où il voulait qu’il y ait toujours une partie en jachère pour rappeler celui qui est le maitre de la vie.

Faisons de notre vie un magnifique jardin rempli de fleurs inoubliables…

« Loué sois-tu Seigneur pour les fleurs diaprées et les herbes… »    Jonquilles, œillets, glaïeuls, roses et primevères… louez le Seigneur

 Fr. Jo Coz

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