La douceur, chemin vers Dieu

La douceur, chemin vers Dieu

Saint François dans son Testament nous découvre une étape importante de son chemin de conversion. La rencontre d’un lépreux ouvrit dans sa vie un passage de l’amertume à la douceur. Cette étape fut pour lui décisive et lui permit de tourner la page de son ancienne vie de bourgeois riche et frivole.

Mais que représente cette amertume dans une vie ? Il me semble que cela représente toutes les incompréhensions de chaque jour, la perte de sens de tout ce que nous faisons et vivons. Cette amertume crée du découragement, de la tristesse, de la méfiance, du dégoût. Elle provoque des cloisonnements dans nos rencontres, des exclusions, des enfermements, des jugements et des partis-pris… toutes ces expériences sont donc lourdes de conséquences. Elles sont sources d’insatisfaction, de désolation, de désespérance…

La douceur, par contre, laisse émerger, dans notre regard et dans nos paroles, une bonté profonde. Elle permet l’accueil incondionnel de l’autre que l’on apprend à accepter et à aimer comme il est, sans vouloir qu’il corresponde à nos désirs. Elle est source de joie simple. Elle ne juge pas, elle facilite les rencontres vraies, le service gratuit, la bonne humeur. Elle favorise la paix, l’écoute attentive, la compassion apaisante. Elle est ferme et on peut se reposer sur elle. Elle guérit les détresses et les angoisses. Elle suscite constance, confiance et espérance. Elle sait soigner, nourir, conforter, réjouir. Elle est force qui fait avancer et grandir. Elle est beauté aimante du corps humain, elle est amour sans défenses, attention maternelle…

Jésus dans l’évangile nous révèle qu’il est “doux et humble de cœur”. Il ne juge ni ne condamne personne. Il se laisse approcher par tous sans distinction, les pécheurs, comme les justes, les pharisiens comme les étrangers et les samaritains, les femmes comme les enfants. Il attirait vers lui tous ceux qui souffraient dans leur corps ou dans leur cœur. Il nous montre que la douceur est une composante nécessaire de l’amour, un trait même du visage de Dieu. Elle est donc aussi un apprentissage incontournable de notre humanisation. “Heureux les doux – nous dit Jésus – ils posséderont la terre”. Sa parole est comme la rosée du matin qui nourrit la plante fragile. son regard est comme une caresse apaisante. La douceur permet de respecter chaque créature et de l’accueillir comme un signe de la bonté de Dieu. C’est par le chemin de la douceur simple et humble que nous pouvons donc être en communion avec Jésus.

François avait appris la douceur dans le regard de sa mère. Cet apprentissage de l’enfance est indélébile. Il colore tous les désirs de bonheur. Mais la vie nous apprend aussi à nous endurcir, à supporter les jours difficiles et les rencontres hostiles, l’austérité et les dépassements de soi. la fatigue et la souffrance… Ces expériences peuvent quelques fois étouffer l’émergence de la douceur. En servant et en soignant les lépreux François va apprendre les gestes qui calment la rancœur et l’agressivité. Il va ainsi découvrir que c’est par la douceur que s’ouvre le chemin au cœur de l’autre. Petit à petit il va élargir cette douceur, don de Dieu, à tous les hommes. Il demandera à ses frères d’en faire autant : “Ils seront animés de la plus grande douceur envers tous les hommes” (1R 11, 9).

Dans sa rencontre avec Jésus il s’était senti enveloppé d’une si grande douceur qu’il avait découvert que Dieu est doux. Il nous le rappelle dans sa prière de louange : “Tu es douceur, notre grande douceur…” qu’il reprend trois fois dans la même prière. “Il avait savouré la douceur de Dieu, la bonté et la suavité Dieu  à l’égard de ceux qui ont le cœur droit et qui le cherchent avec simplicité et pureté d’intention” (1C 92) Cette douceur permettait à François d’avoir de bonnes relations avec tous les hommes qu’il trouvait sur son chemin. Il se sentait proche, des pauvres comme des puissants, des oiseaux comme des fleurs, du savant comme de l’analphabète, de l’étoile comme du verre de terre. C’est par la douceur qu’il partageait la paix avec les violents, qu’il suscitait la réconciliation  et le pardon chez ceux qui s’étaient refermé sur leurs égoïsmes et leurs intérêts.

Laissons la douceur de Jésus produire ses fruits en nous. Que son Esprit-Saint inspire nos gestes et nos paroles et  qu’il nous fasse goûter à l’infinie douceur de celui qui n’est que Amour inconditionnel.

Fr Jo Coz

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