Humble patience

Humble, patience

 

Saint Paul nous présente la patience comme un don précieux de l’Esprit (Gal 5, 22) qui nous est bien nécessaire pour vivre des relations apaisées et regarder l’avenir avec confiance. Le mot vient du latin patientia, supporter avec résignation les maux, injures, incommodités ; persévérance, constance, sang-froid, tranquillité.

Dans l’évangile, Jésus ne cesse de nous faire découvrir son importance en nous faisant prendre conscience qu’elle s’enracine dans la patience de Dieu « lent à la colère et plein d’amour qui ne nous traite pas selon nos fautes » (Ps 103, 8). Cette patience de Dieu n’est pas faiblesse, mais appel à la conversion du cœur. Jésus est l’incarnation de cette patience qui va jusqu’au bout. La parabole de l’enfant prodigue nous ouvre un horizon de ce qu’implique cet amour miséricordieux du Père qui ne s’offusque pas de l’ingratitude de ce fils qui le quitte pour aller trouver mieux ailleurs. Il attend patiemment son retour, et alors il le remet debout, humblement, et lui redonne sa place de fils en lui permettant d’entrer dans sa joie. Miracle de la patience divine !

 

La patience de Dieu est une extraordinaire leçon d’amour

Une vie a besoin de temps pour s’épanouir et pour porter des fruits. La patience de Dieu est une extraordinaire leçon d’amour pour des hommes habitués à juger dans le moment présent et à provoquer des conflits incertains. La parabole du serviteur impitoyable (Mt 18, 23-35) souligne l’immensité de la patience de Dieu et la dynamique de conversion qu’elle implique. Dieu est patient, mais il a besoin de notre liberté pour que son amour puisse s’incarner dans le concret de nos vies. Il appelle à la conversion en nous découvrant tout ce que nous avons reçu pour qu’à notre tour nous apprenions à partager.

Pourquoi cette insistance sur la patience de Dieu ? quelle est sa place dans le cheminement spirituel ? François l’a appris durement, dans la souffrance. On peut se croire patient quand tout est calme autour de soi et en soi. Vient la tempête, la contestation, des relations difficiles, des souffrances inattendues qui mettent à l’épreuve et font tomber les illusions. Même chose pour l’humilité, c’est quand on est mis en situation d’être le dernier, de ne pas réagir ni se défendre que se vérifie le degré de paix qui nous habite. Il faut toute une vie pour construire une vie !

L’attitude de Jésus devant ses persécuteurs est exemplaire ! Il supporte tout sans que cela remette en question sa mission d’amour et la paix profonde. Il ne se révolte pas contre l’injustice qui l’écrase. Il affirme son amour patient et humble. Il refuse la colère et la force en restant dans la douceur et la fidélité.

 

Dieu nous espère

Cette attitude est l’expression d’une espérance. Dieu nous espère, il attend patiemment que nous sachions accueillir la profusion de son amour pour nous et que nous le laissions porter ses fruits dans notre vie. Sa générosité est sans mesure et sans condition. Ce qui l’intéresse c’est que les hommes puissent enfin trouver le chemin de la vie et du bonheur, « bienheureux…»

Modelé par ce témoignage de Jésus, François apprend à prendre du recul par rapport à son caractère réactif et impétueux. Il avait du mal à supporter la contestation de ses frères et mettra la patience de Dieu à l’épreuve. C’est en méditant la passion du Christ qu’il retrouvera la paix de l’âme et du corps et qu’il pourra se retrouver en conformité avec la patience de Dieu. Il trouve ainsi le sens profond de l’humilité, de la terre labourée prête à être ensemencée. Cet abandon de sa volonté propre pour s’unir à celle de Dieu sur la croix est l’apprentissage de cette paix de l’âme et du corps. Les tensions s’estompent, les angoisses disparaissent…le cœur retrouve un bien-être et une légèreté tranquille pour louer le Seigneur avec toutes les créatures. Mais quelle épreuve ! Elle ne peut s’endurer qu’en communion avec le Christ incarné sur son chemin de croix !

La passion et la souffrance du Christ sont présentés par l’Evangile comme le modèle de toute patience pour ceux qui sont en butte aux difficultés et aux persécutions de toutes sortes. Elle est source d’une fécondité extraordinaire. Pas de place pour le mépris ou le désir de revanche. Le sommet de cette patience s’exprime dans le pardon « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34).

Cette patience de Jésus sera pour toujours un des visages de l’amour pour ses frères.  « En toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité ; appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix. »  (Ep 4, 2-6). « Soyez patients dans l’épreuve, sûrs que Dieu accomplira ce qu’il a décidé et tiendra ses promesses. Répondez humblement à ceux qui vous interrogent, bénissez ceux qui vous persécutent, remerciez ceux qui vous insultent et vous calomnient : à ce prix, le royaume des cieux est à vous ! » (1C 29) Patiemment vivons en communion avec Jésus, éclairé par l’humble exemple de François !

Fr. Jo Coz

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