Le Pape François nous invite souvent à aller vers les périphéries. Il s’appuie pour cela sur l’exemple de Jésus mais aussi sur celui de Saint François qui consacrèrent une bonne partie de leur vie à aller à la rencontre des hommes et des femmes de leur temps.

Jésus en effet, est né hors les murs dans une grotte de Bethléem et il est mort hors les murs sur le Golgotha. Il a beaucoup marché de village en village, y compris ceux des samaritains et des païens, manifestant par là que sa mission concernait tous les hommes. Renonçant à toutes sécurités et précautions il a vécu parmi les pauvres, les pécheurs, les exclus du temple, mais aussi ceux de la ville comme les lépreux. Après avoir formé ses disciples il les envoie en mission, hors de leur région de leur pays, pour aller porter la paix de Dieu jusqu’au bout du monde.

François fut tellement touché par cette Parole de l’Evangile qu’il en fit sa règle de vie. Déjà depuis des mois il était sorti d’Assise pour vivre hors les murs de la ville, renonçant à ses privilèges. A Saint-Damien comme à la Portioncule, il vivait proche de tous les exclus, mendiants, lépreux, journaliers, sans droits, ceux qui ne comptaient pas et ne participaient pas au pouvoir politique et économique.

Rejoint pas des frères, il les enverra, comme Jésus, jusqu’aux confins du monde pour inviter tous les hommes à la conversion, trouvant dans les périphéries des villes silence et solitude nécessaires pour vivre en communion de cœur avec Jésus.   François ne se désintéressait pour autant de la vie de ses contemporains, bien au contraire. Mais pour se sentir proche de Dieu et des hommes il avait découvert la nécessité de s’ouvrir intérieurement à l’amour transformant de Dieu, source de toute justice, de toute compassion.

Vivre hors les murs, en pèlerin, détaché de toute possession a provoqué chez François un désir de vivre en plein vent. Son cloître était le monde, aimait-il dire. Cette façon de vivre va lui permettre de prendre de la distance par rapport aux pouvoirs civils ou religieux. Il prendra du recul par rapport à toutes les institutions qui privilégiaient certains au détriment des autres. Il abandonnera tout recours à la force et à la violence. Il ira même jusqu’à rejoindre la croisade pour inviter les troupes à rebrousser chemin et à faire la paix avec le Sultan. Devant son échec il prendra le risque de sortir du camp chrétien pour aller annoncer la paix dans le camp opposé !

Libéré de toutes les tentations d’enfermement, François va mettre sa confiance en Dieu seul et découvrir qu’il est le seul bien désirable. En chemin à la suite de Jésus il va expérimenter une liberté spirituelle qui lui permettra de se sentir bien aussi bien parmi les lépreux, les gens simples que parmi les riches et les puissants.

Libéré de toutes les conventions sociales, il va inventer une nouvelle manière de vivre ensemble où chacun est reconnu, respecté et aimé pour ce qu’il est. Ce sera l’apprentissage d’une vie en fraternité qui n’est possible que si nous sortons à la rencontre de l’autre le cœur ouvert et l’esprit disponible pour écouter.

Libéré de sa tentation de s’approprier son ordre, il va pouvoir rendre grâce à Dieu pour tous ses dons gratuits et s’associer à toutes les créatures pour chanter les louanges du Créateur de toute vie.

Libéré de toute possession il choisira de célébrer son passage et de sortir du monde nu sur la terre nue en chantant la grandeur de Dieu et sa bonté infinie.

Pour nous aujourd’hui Jésus et François nous invitent à sortir des peurs qui nous enferment, des idéologies qui rétrécissent le monde à nos sécurités frileuses. Ils nous poussent vers un avenir confiant en l’action de l’Esprit qui nous fait croire au salut offert une fois pour toute à toute l’humanité. Jésus nous a ouvert le ciel pour que nous nous tournions chaque jour vers cet horizon infini… En tout confiance allons à la rencontre…

Fr Jo Coz