Heureux celui qui sait se reposer

De passage au monastère  des carmélites de Mazille près de Cluny, une sœur à lu le texte suivant au cours d’un office.  Je vous le partage pour votre méditation pendant ce temps de vacances. Fr Jo Coz

Qu’est-ce que connaître l’autre sinon respecter son altérité tout en étant prêt à le rencontrer. Pas d’union autrement que dans la différence. Mais pas d’affirmation non plus de la différence sans capacité d’entrer en relation. La relation au Père que vit Jésus se réfracte avec la même sérénité dans celle qu’il propose de vivre entre lui et ses disciples. Il parle de repos, de douceur, d’humilité, de légèreté. Ah ! Une religion légère ! L’Évangile se présente comme une atmosphère heureuse, loin des mobilisations ou des engagements éreintants. Il y aurait une lecture spirituelle à faire du repos. Le repos est ce geste qui ramène notre être à un point d’équilibre. Il met les activités à distance, nous protège d’en être écrasés et montre que nous ne nous réduisons pas à ce que nous faisons. Le repos est une libération de l’effervescence. Et il procure la grande force : le calme, où peut se ressourcer l’être. Il permet de se recueillir, de refaire l’unité de notre être. Il offre de transcender l’angoisse et le souci. Tant de gens ont aujourd’hui besoin de dépasser l’inquiétude ou l’anxiété. Pourquoi ne pas présenter l’Église comme une maison qui offre un repos ? Les églises, les sanctuaires le manifestent parfois avec leurs couleurs, leurs harmonies, leur splendeur : ce sont des lieux où il fait bon demeurer. L’Église : d’abord un espace-temps de bien-être, en écho à l’exultation psalmiste : « O ma joie quand on m’a dit allons à la maison du Seigneur ». La tradition chrétienne a même tenu pour la meilleure part l’insouciance qui fait qu’on s’assoit à l’écoute d’une parole. Elle parle de recueillement, de mains qui ne saisissent pas. Elle invite au déprendre, au laisser-être. En son meilleur, la ritualité religieuse nous fait nous tenir dans le monde sans être écrasés par la dureté ou l’inquiétude. Elle procure une grande paix. Ce n’est sans doute pas un hasard si c’est durant les temps de vacances ou de loisirs que bien des personnes renouent avec l’Église, pour un temps de réflexion, une pratique sacramentelle, un intérêt pour l’esthétique, ou simplement l’instant d’une halte. Ils utilisent les lieux d’Église comme des espaces de quiétude, de silence, de détente, qui leur permettent de se ressourcer. Car c’est d’abord cela que beaucoup recherchent en « venant à » l’é/Eglise : de la force pour vivre, un peu de joie à être, de l’énergie pour prononcer un « oui » résolu au jour qui vient, en dépit de tous les désagréments. Car que serions-nous sans la force d’exister, sinon balayés au premier vent ! Tel est l’un des cœurs des demandes adressées aux religions et spiritualités : donner un pouvoir d’être.

Jean-Yves BAZIOU (TC. 3 Juillet 2014)

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