Nos vies sont rythmées par l’alternance des jours et des nuits. Chaque soir avec l’arrivée de la nuit, une journée s’achève emportant avec elle soucis, joies, souffrances, travail, projets… qui rejoignent notre mémoire et chaque matin un jour nouveau commence entièrement ouvert aux imprévus, même si notre agenda est plein. Ce que nous avons vécu qui constitue notre expérience peut nous aider à mieux vivre le présent, c’est comme un entrainement qui facilite les choix et les engagements d’aujourd’hui. Les échecs peuvent nous aider à éviter de nouveaux écueils… Le passé nous éclaire sur nos limites et nous permet de préciser les besoins d’aujourd’hui, les carences que je peux essayer de combler. Tout commencement est une invitation à l’humilité !
Ce constat nous ramène à la réalité que je dois vivre en vérité avec mes lumières et mes ombres, sans être trop accroché au passé que Dieu nous pardonne et sans trop se projeter sur un avenir que Dieu nous donne. Nous devons vivre le jour d’aujourd’hui en communion avec lui. Les regrets du passé nous endorment et nous empêchent de bien vivre le présent. Les inquiétudes face à l’avenir nous paralysent et freinent nos engagements d’aujourd’hui. La mémoire doit être au service de la vie présente et à venir.
Si notre passé est trop lourd, trop encombrant, trop culpabilisant, trop paralysant nous pouvons le déposer aux pieds de Jésus pour qu’il nous en libère comme il a libéré Marie-Madeleine de ses errances et de ses péchés. Suivre Jésus c’est se mettre en mouvement avec lui dans le moment présent, ouvert à un avenir de rencontres, de révélations, de projets mais aussi d’imprévus et d’inattendus ! Notre vie est toujours devant nous et non pas derrière.
Jésus nous fait comprendre que Dieu nous attend comme un Père plein de tendresse. Il nous raconte la Parabole du Fils prodigue qui se rappelle les jours heureux de sa jeunesse et cela suscite en lui non pas des regrets mais le désir de retourner vers son Père. Il se met en route… pour découvrir que l’amour reçu et donné permet de renaitre de trouver une nouvelle manière d’être fils, humble et libre, tourné vers le Père en toute confiance.
François, en redescendant de l’Alverne où il venait de vivre une expérience extraordinaire d’amour dont il portait les signes dans son corps nous a laissé une invitation surprenante : « frères commençons… » S’approcher de Jésus vivre une communion forte avec lui, c’est aussi prendre conscience que nous ne sommes que des petits enfants malhabiles, que notre amour n’est qu’une petite étincelle de la source éblouissante du Père manifestée par Jésus dans toutes ses rencontres. Cette rencontre intime avec son Seigneur raviva en lui l’urgence qu’il y a d’aimer sans limites, sans conditions. L’amour que le Seigneur donne est un amour infini, François avait une conscience vive que notre réponse n’est pas à la hauteur de celui que l’on reçoit. « L’amour n’est pas aimé » disait-il, il faut donc commencer et recommencer sans cesse à aller vers ceux qui attendent la révélation de la source qui coule en chacun. Au début de sa conversion il avait reçu de Jésus un appel pressant d’aller porter la paix à tous les hommes. Cet envoi en mission est comme une source qui se renouvelle sans cesse. L’amour est commencement d’une relation appelée à manifester la communion avec le Père plein de bonté et avec les hommes nos frères. En chaque commencement il y a tout l’avenir ouvert sur l’infini de Dieu.
C’est l’amour que je reçois aujourd’hui qui me fait vivre et que j’ai mission de redonner, de partager aujourd’hui. C’est maintenant que je peux mettre la Parole de Jésus en pratique ; c’est dans le présent qu’elle me fait vivre et expérimenter la présence de Dieu vivant et découvrir l’action de son Esprit en nous.
Chaque jour l’amour que je reçois et que je redonne me fait grandir, il affermit la confiance de se savoir accompagné en permanence dans le chemin de croissance et de fécondité de notre vie. L’amour que Dieu nous donne est inépuisable, tous les jours il nous donne tout ce dont nous avons besoin : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » !
Fr. Jo Coz
