Appelés à la liberté

 

 

Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté (2 Co 3, 17). L’Évangile insiste sur cette liberté qui s’enracine dans l’amour que Dieu nous manifeste. Elle est le signe de l’Amour créateur du Père. Il n’y a donc pas de vraie liberté sans amour. Les attitudes de Jésus nous donnent à voir la force de cette liberté spirituelle. Il rappelle aux pharisiens que la foi et la fidélité à Dieu dépasse la simple application de la loi mais s’exprime dans un amour agissant dans la justice, la compassion, le pardon. Le récit de la femme adultère nous en donne un exemple. La loi la condamnait à la lapidation. Jésus renvoie chacun à sa conscience et par son pardon ouvre un nouvel avenir à cette femme. L’amour inconditionnel qu’il manifestait à chacun lui permettait de trouver et de proposer des comportements nouveaux, libérants.

Le pardon offert par Jésus ouvre de nouvelles perspectives pour chacun. Il libère du péché, de nos emprisonnements, de la fatalité. En se faisant tout proche de chacun, en donnant sa confiance, il nous révèle que nous sommes, grâce à lui, accueillis en Dieu comme des enfants adoptifs. Le baptême nous révèle que nous sommes par grâce délivrés de l’emprise du péché et de la crainte de la mort. Jésus nous révèle la force d’une vie qui est l’incarnation de l’amour infini du Père. Il n’y avait pas de place en lui pour des intérêts égoïstes. Avec lui nous passons de la mort à la vie si nous vivons dans la foi et la charité.

A sa suite, il nous faut donc choisir entre la vie et la mort, entre bénédiction et malédiction. Cela nous invite à la conversion permanente ; il s’agit de laisser l’amour envahir tous nos regards et toutes nos réflexions. Chaque rencontre peut ainsi participer à la croissance d’une vie qui s’ouvre sur l’éternité de Dieu. Cette liberté spirituelle s’exprime par des choix qui intègrent une fidélité solide. Jésus nous montre la fidélité de son amour même quand Pierre le trahit. Cet amour inconditionnel donne de la place à l’autre. Il est patient, il ne se formalise pas des erreurs de l’autre, il pardonne tout. Il laisse chacun exercer ses responsabilités et ses choix, inspirés, soutenus par l’Esprit qui ouvre tout notre être à la présence permanente de Dieu en nous.

François d’Assise avait très tôt découvert cette liberté spirituelle au cours de sa conversion. La certitude du pardon de Dieu avait ouvert en lui une brèche qui avait laissé la bonté, la douceur de Dieu colorer ses gestes et ses paroles.  Ainsi, au lieu de juger les autres il s’efforçait de les aimer tels qu’ils étaient. Plus ils étaient enfermés en eux-mêmes et plus il redoublait de douceur pour les aider à s’ouvrir à la gratuité de l’amour. Ce que Dieu nous donne ou nous révèle doit être partagé avec délicatesse. Au lieu d’imposer à un frère de manger, il mange avec lui.

Il exerçait son autorité en se mettant au service de ses frères. Il ne voulait pas être considéré comme étant au-dessus des autres Il se considérait comme un pauvre, un mineur qui n’a pas de droits, sinon celui d’aimer. Il partageait volontiers ce qu’il avait avec ceux qui n’avaient rien. Il n’hésite à donner le seul évangéliaire qui servait aux frères ; pour lui il était plus important de vivre ce qui était écrit dans ce livre que le garder précieusement pour la prière. Sa liberté spirituelle était éclairée par la Parole de Jésus.

Quand frère Léon vient lui demander conseil pour sa vie François l’invite à puiser dans ce que le Seigneur lui-même lui inspirera. Il ne décide pas à sa place. Chacun est responsable de son avancée sur le chemin de la sainteté. Personne ne peut aimer à notre place, servir, prier à notre place…

François enraciné dans l’amour Trinitaire se sentait en plénitude dans cette communion. Cela lui permettait de se situer assez librement par rapport aux institutions. Il aimait L’Église avec ferveur, mais pas forcément tous les détails des institutions. Il n’adhérait pas aux fastes de la Curie romaine tout en respectant le pape.  Il s’inspirait des attitudes de Jésus par rapport au Temple..

Ce qu’il considérait comme révélé par le Seigneur passait avant tout le reste. Sainte Claire le suivait dans cette attitude. Ils n’accordaient à personne le droit de les détourner de leur vocation.

Comme François vivons en aimant notre Église, libéré de tout ce qui ce qui nous détourne du Père. « Aime et fais ce que tu veux » aimait dire St Augustin.

Fr. Jo Coz

Permalink

Comments are closed.